samedi 9 juin 2012

Compte-rendu : Journée du 8 juin, marche de Schengen à Florange

De la manifestation à Schengen à Florange, première étape sur le territoire français...

Hébergés cette nuit à Remerschen, nous commençons la journée par un petit déjeuner préparé sur le petit parking derrière le gymnase. Nous mangeons debout, en regardant les enfants entrer dans l’école voisine et qui sont très intrigués par notre présence.

Puis à 10 heures nous prenons la route pour Schengen, située à 3 km de Remerschen, à la frontière du Luxembourg, de la France et de l'Allemagne. La commune doit sa renommée aux accords européens de 1985 et 1990.

La manifestation à Schengen
Une demi-heure plus tard, nous arrivons à Schengen pour une manifestation hautement symbolique devant le monument commémorant les derniers accords de 1990. Nous passons un bon moment sur cette petite place, le long de la Moselle.
Il y a d'abord les prises de parole des délégués, puis une ronde chantante et dansante autour du monument, enfin une séance photo de groupe, avec toute la caravane rassemblée autour des grandes lettres de métal «SCHENGEN» annonçant la commune. Beaucoup de photos sont prises, notamment par Dominique Steinmetz (à venir dans un prochain message...), qui en publiera quelques unes dans le Républicain Lorrain dont nous ferons la première page le lendemain (voir l'article ici).

La traversée des frontières et l'entrée en territoire français
Vers 11h30, la marche repart de Schengen en direction de la France, escortée par la gendarmerie française venue rejoindre et accueillir les marcheurs à Schengen même pour leur faire traverser la frontière française, via un court passage sur le territoire allemand..
A midi, nous traversons ainsi le pont sur la Moselle, rivière à la fois allemande et luxembourgeoise. Certains téléphones nous avertissent: “changement d’opérateur”. Nous apprenons que la ligne limitrophe ne se trouve pas au milieu de la rivière. On nous dit même que le pont n’est ni luxembourgeois ni allemand: c’est un territoire “neutre”, comme entre les postes de douane...
Et si nous restions là? Au milieu du pont-neutre-qui-n’est pas-une-frontière? Il parait qu’il ne dépend ni de la police luxembourgeoise, ni de la police allemande. Est-ce vrai? C’est très troublant... mais nous ne restons pas sur le pont, nous n’y dansons pas non plus, nous reprenons la marche.

La longue marche vers Florange
Après le pont, la route amorce une courbe, puis un virage bordé par des gendarmes allemands. Nous nous saluons à peine et nous engouffrons dans un sous bois, où nous marchons quelques centaines de mètres. Et voilà d’autres portables qui annoncent à nouveau: “changement d’opérateur!”. Sommes-nous donc retournés au Luxembourg?... Il faut attendre les premiers panneaux au bord de la route: c’est une départementale française!!! Trois pays en moins d’un kilomètre... Ça nous amuse beaucoup et nous sommes tout contents d’être en France. Il y a quelques bâtisses, alors nous étalons la banderole, les musiciens se déchainent, les slogans montent... mais il n’y a a priori personne pour nous voir et nous entendre...

Nous nous retrouvons sur une deux voies, sans berges et marchons à la file indienne. Nous formons un très joli ruban, mais comme c'est difficile de ne pas être côte à côte! Certains prennent le risque de déborder sur la chaussée. Les voitures ralentissent, slaloment. On nous salue: des gestes amicaux, des cris d'encouragement, des coups de klaxon rythmés....

Au carrefour, des policiers nous attendent. Ils veulent nous protéger. Il nous faut maintenant traverser les villages de part et d'autre de la route. Nous scandons nos slogans. Les gens pointent le nez à la fenêtre, nous applaudissent, offrent de l'eau, achètent des journaux.

Les policiers nous attendent à chaque carrefour. Mais la route est plus longue que prévu. Nous passons par des chemins sans points de repère. Combien nous reste-t-il à parcourir pour retrouver le pique-nique? Finalement, nous retrouvons nos chers cantiniers à 15h45, très en retard sur l'horaire.

Car la gendarmerie a refusé que la marche se fasse sur la route principale et nous a donc fait faire des détours. Cela a rallongé de près de 10km cette étape estimée initialement à une trentaine de kilomètres.

Nous avons cependant rendez-vous à 16h à la mairie de Florange. Nous ne pourrons y être, il reste trop de chemin du fait du rallongement de l'étape... Les deux voitures de la caravane partent donc en avant avec une délégation de 10 personnes seulement pour rejoindre Florange. Nous sommes tous un peu frustrés.

L'accueil de la délégation à la mairie de Florange
A la mairie, la délégation est chaleureusement reçue par le 1er adjoint au maire, M. Gérard Flamme, deux élus aux Affaires sociales et aux Affaires culturelles, des militants de Resf et des grévistes de l'usine d'Arcelor Mittal.
C'est à la fois officiel et sans protocole. Les élus évoquent la culture d'immigration locale: tant d'ouvriers sont venus d'ailleurs pour travailler dans les usines. Les parents d'une des adjoints au maire sont venus de Pologne. Il y a des prises de paroles de chacun.

L'arrivée des marcheurs à Florange.
Pendant ce temps, après un peu de repos, nous marchons vers Florange où nous arriverons enfin vers 18h30. À nouveau un gymnase, cette fois près du stade, nous attend. C'est le C.O.S.E.C., un immense espace dont une partie a été aménagée en coin repas et une autre en coin couchage, équipée de matelas épais.

L'accueil à Florange est très chaleureux.

Au gymnase, quelques employés de la ville et quelques sympathisants ont préparé les lieux, dressé des tables, collecté et disposé des tapis de sol recouverts de grandes toiles bleues qui feront office de matelas pour la nuit. Il fait bon. Les gens sont chaleureux, disponibles. Ils ont pourtant bien des soucis avec les licenciements.
Ils nous offrent un repas copieux, dont les restes suffiront pour le lendemain soir, ainsi que le petit déjeuner du lendemain. Nous échangeons longuement.
On nous donne aussi de la pharmacie pour compléter la nôtre: beaucoup de corps endoloris, des ampoules. On fait au mieux... et on se repose...

Car aujourd'hui nous avons sûrement marché plus de 35km pour venir de Schengen. Soit, depuis Remerschen, une marche de près de 40 kilomètres.

Demain samedi 9 juin, journée rencontres à Florange...

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